Conseils & Observations

Voici les conseils et observations que j'ai après quatre années de culture de piments forts au Québec.

A priori, si vous voulez cultiver des piments forts ça prend absolument une serre ou l'équivalent dans votre maison. J'ai planté des graines dans la maison et bien que ça fonctionne, mes plants ont tendance à pousser en orgueil même si je les place près des fenêtres. Un solarium pourrait sans doute régler ce problème. L'air sec de la maison, dû au chauffage électrique, n'aide pas non plus à une bonne croissance. Si vous avez un système de chauffage avec contrôle d'humidité, j'imagine que les résultats seraient meilleurs.

Durant les trois premières années de culture, M. Hémérocallia faisait les semis à la St-Valentin. Les résultats étaient bons, mais les piments avaient tous juste le temps de mûrir avant les froids. En 2011, il a fait les semis au début de janvier et ça a fait une différence dans la maturité des plants. Certains avaient déjà des fruits lors de la transplantation. Ça a aussi fait une différence pour les premiers piments mûrs bien que l'été exceptionnel de 2011 a peut-être aussi aidé à devancer le temps de maturation.

Vous devez installer des tuteurs et/ou des cordes de soutien pour tous vos piments dès qu'ils commencent à grossir et avoir des fruits. Les piments forts ont des radicelles et ces radicelles ne poussent pas en profondeur, ce qui fait que les plants ne sont pas très solides dans le sol. Un bon coup de vent peut facilement les déraciner, surtout en fin de saison. Dans le cas des plus gros plants, comme les Espelettes, simplement le fait qu'il y a plus de branches longues ou garnies de fruits d'un côté est suffisant pour les déplanter.

Un point positif, je n'ai jamais eu de maladies ou attaque d'insectes sur mes piments forts. Le fait que ces plantes ne poussent pas à l'état naturel au Québec est probablement la raison pour laquelle ils n'ont pas « d'ennemis ». Par contre, j'ai des hordes de fourmis dans mes platebandes qui se promènent sans arrêt sur mes piments et mange probablement tous les pucerons et autres petits insectes qui voudraient les attaquer.

Pour ce qui est de l'arrosage, moins c'est mieux (less is better). Une sécheresse relative aide le plant à produire des piments avec plus de piquant. Ma technique est d'attendre que les feuilles du plant commencent à flétrir légèrement avant d'arroser. Pour les plants en pots, l'effet est pour ainsi dire spectaculaire. Vous les arrosez et deux ou trois heures plus tard votre plant à déjà retrouvé toute sa vigueur avec des feuilles en parfaite santé.

J'ai essayé de faire mûrir des piments dans la maison en rentrant des plants à la fin de l'été. Les piments ont mûri, mais ils ont développé un goût âcre et étaient immangeables. Peut-être que dans une pièce équipée de lumière de croissance avec contrôle de température et d'humidité les résultats seraient meilleurs.

J'ai conservé des plants dans la maison l'hiver et je n'ai jamais eu de problème de « bébittes » sauf pour les piments d'Espelette. La première année où j'ai rentré des piments d'Espelette, j'ai essayé de me débarrasser des pucerons? qui sont apparus sur les plants avec la vaporisation d'eau savonneuse et d'insecticide. Tout ce que j'ai réussi à faire s'est contaminé tous les plants que j'avais entrés (je les ai tous perdus). L'année suivante, environ une semaine après les avoir rentrés dans la maison des pucerons sont encore apparus sur les plants de piments d'Espelette. Cette fois, je les ai sortis dehors immédiatement et je n'ai pas eu de problème de « bébittes » de l'hiver. J'imagine que les fourmis mangent les pucerons sur les plants l'été ce qui empêche leur développement.

Un petit problème que j'ai chaque année, c'est les jeunes oiseaux. Entre autres, les rouges-gorges qui ont tendance à picorer quelques-uns des mes piments. Cela ne dure pas longtemps, car dès qu'ils les goûtent, ils comprennent immédiatement que ce ne sont pas de bons fruits.

Je conservais des plants dans la maison l'hiver pour les replanter l'été suivant en espérant avoir un plant déjà mature qui donnerait un meilleur rendement. La conservation des plants dans la maison s'est avérée très difficile et les plants qui survivaient n'avaient plus une feuille par le temps que je pouvais les transplanter dehors. Finalement, le temps de récupération des plants était si long que leur rendement n'était pas vraiment meilleur que celui des nouveaux plants. Le seul conseil que je peux vous donner est de très peu arroser vos plants dans la maison. Ils semblent survive un peu mieux lorsqu'il n'ont presque pas d'eau de l'hiver.

J'ai fait des essais pour conserver des plants de piments dehors durant l'hiver. J'ai essayé plusieurs types de protections et tous mes efforts se sont avérés infructueux. En plus, j'ai fait ces tentatives lorsqu'on a eu un des hivers les plus doux des 10 ou 20 dernières années.

Les piments frais sont très piquants lorsque vous les goûtez, mais vous serez surpris de voir comme ils semblent perdre de leur piquant lorsque vous les incorporez dans les plats. Surtout les plats avec beaucoup de gras comme la tapenade. On a l'impression que l'effet de dilution est plus élevé qu'avec les piments séchés. Probablement à cause la quantité utilisée qui a l'air tellement plus impressionnante.

Lorsque vous coupez des piments forts frais, je vous conseille fortement de mettre des gants. Même les piments moins forts peuvent vous faire regretter de ne pas avoir mis de protection. Lorsque vous coupez les piments forts, à moins d'être extrêmement prudent, du « jus » de piment va se retrouver sur vos doigts. Si par la suite vous touchez une partie sensible de votre corps, comme vos yeux, vous aller vous en vouloir. Pour les hommes, ça peut être particulièrement douloureux si vous devez aller faire pipi après. Se laver les mains peut diminuer le pouvoir d'irritation, mais ne l'enlève pas complètement. On dirait que la capsaïcine pénètre les pores de la peau.

Pour maximiser le piquant de vos piments forts, faites-les toujours sécher en entier, car une bonne partie de la force du piment se trouve dans les « intestins » (ce qui tient les graines à l'intérieur, aussi appelé incorrectement placenta à l’occasion). Durant ma première année de culture, je n'ai fait sécher que la peau des piments et ils étaient quand même très piquants. Par contre, c'était des piments « nucléaires » qui pouvaient perdre une partie de leur piquant sans que ça paraisse vraiment.